Entre Science et Mysticisme : La glande pinéal et la DMT

Exploration du lien biochimique entre la glande pinéale et les expériences mystiques d'après le Dr. Strassman.

PSYCHOLOGIE / PSYCHANALYSE

Alexandre CHANE

3/22/202526 min read

La DMT, ou diméthyltryptamine, est une substance psychédélique à action rapide, connue pour ses effets puissants et éphémères. En quelques minutes, elle plonge l'utilisateur dans des expériences profondes et souvent ineffables. L'utilisation des psychédéliques, dont la DMT, a une (très) courte histoire dans le contexte médical. Au milieu du XXe siècle, ces substances étaient étudiées pour leurs potentiels thérapeutiques avant de tomber sous des régulations strictes dans les années 1970.

De nos jours, la DMT est explorée comme une piste intéressante pour expliquer certains phénomènes paranormaux. Ce nouveau paradigme, qui gagne en popularité, suggère que les expériences de mort imminente, les rencontres avec des entités et d'autres manifestations inhabituelles pourraient être liées à des afflux de DMT dans le cerveau. Par exemple, des personnes ayant pris de la DMT rapportent souvent des visions de figures spirituelles ou extraterrestres, semblables aux descriptions de rencontres paranormales. De plus, les sensations de sortir de son corps ou de se déplacer à travers des tunnels lumineux, fréquemment rapportées par ceux ayant vécu des expériences de mort imminente, montrent des similitudes frappantes avec les récits des utilisateurs de DMT. Ainsi, la DMT ouvre de nouvelles perspectives fascinantes sur notre compréhension de ces expériences extraordinaires, mêlant science et mysticisme dans une quête commune de connaissance.

La DMT est une molécule naturellement présente dans divers organismes du règne animal et végétal. On la trouve dans le corps humain, ainsi que chez d'autres mammifères, dans certains poissons, et également dans des amphibiens comme les crapauds et les grenouilles. Elle est présente dans des plantes, notamment dans les herbes, les champignons, l'écorce, les feuilles et les racines. La DMT est ainsi un psychédélique endogène, produit naturellement par notre organisme.

La glande pinéale, située au centre du cerveau, est souvent associée à la production de DMT. Des chercheurs ont émis l'hypothèse que cette petite glande endocrine, connue pour réguler le cycle veille-sommeil via la sécrétion de mélatonine, pourrait également être une source de DMT endogène. L'hypothèse la plus répandue concernant la glande pinéale suggère qu'elle pourrait produire des quantités psychédéliques de DMT à des moments extraordinaires de notre vie. Cette glande, située au centre du cerveau, aurait la capacité de convertir la sérotonine en tryptamine, nécessaire à la production de DMT. Dans la glande pinéale, on trouve une concentration élevée d'enzymes méthyltransférases, qui ont la capacité d'attacher un groupe méthyl (composé d'un atome de carbone et de trois atomes d'hydrogène) à d'autres molécules. En ajoutant deux groupes méthyl à la tryptamine, on obtient ainsi de la di-méthyl-tryptamine (DMT). Cette conversion biochimique, facilitée par la glande pinéale, pourrait expliquer pourquoi des expériences psychédéliques intenses et des états de conscience modifiés sont parfois rapportés lors de moments particuliers de la vie humaine, tels que les expériences de mort imminente ou les états de méditation profonde.

Qu'est ce que la DMT ? Et la glande pinéale ?

Sur le plan moléculaire, la DMT est un alcaloïde tryptaminique, structurellement similaire à la sérotonine, un neurotransmetteur essentiel pour la régulation de l'humeur, du sommeil et de la perception sensorielle. Lorsqu'elle est ingérée, la DMT agit principalement sur les récepteurs sérotoninergiques du cerveau, en particulier les récepteurs 5-HT2A. Cette interaction provoque des altérations significatives de la perception sensorielle et du temps, ainsi que des expériences hallucinatoires profondes et souvent spirituelles. La DMT, en modulant ces récepteurs, induit un état de conscience modifié, ouvrant des portes vers des dimensions perceptuelles et cognitives habituellement inaccessibles dans l'état de veille ordinaire.

Cette connexion entre la glande pinéale et la DMT est fascinante car elle lie une structure cérébrale mystique, historiquement et symboliquement considérée comme le "troisième œil", à des expériences psychédéliques intenses. Dans l'Égypte ancienne, la glande pinéale est associée à l'œil d'Horus, symbole de perception spirituelle. En Inde, elle est liée au chakra Ajna, ou troisième œil, représentant l'intuition et la conscience supérieure. Des tribus amazoniennes utilisent des plantes psychotropes comme l'ayahuasca, stimulant la glande pinéale pour des voyages spirituels. René Descartes la décrivait comme le "siège de l'âme", et les alchimistes la considéraient essentielle pour la transmutation spirituelle. Dans l'ésotérisme, elle est vue comme un centre d'énergie crucial pour l'éveil. Anthropologiquement, de nombreuses cultures ont des rituels visant à activer ce "troisième œil", montrant une connexion profonde entre la physiologie humaine et la quête spirituelle. Ces perspectives variées illustrent comment la glande pinéale est perçue comme un pont entre le corps, l'esprit et le spirituel.

Les cristaux d'apatite (micro-cristaux de phosphate de calcium) de la glande pinéale possèdent des propriétés piézoélectriques, ce qui signifie qu'ils peuvent générer une charge électrique en réponse à une pression mécanique. Certains chercheurs proposent que ces cristaux vibrent sous l'influence des ondes électromagnétiques, modulant ainsi l'activité de la glande pinéale et influençant potentiellement les fonctions cérébrales extrasensorielles. Cette modulation pourrait être à l'origine de visions intenses et d'états modifiés de conscience, connectant les individus à des dimensions spirituelles et métaphysiques plus profondes.

Le Dr. Rick Strassman, un psychiatre américain, a mené des recherches pionnières sur la DMT dans les années 1990. Ses expériences, menées à l'Université du Nouveau-Mexique, visaient à explorer les effets de la DMT sur le cerveau humain. Strassman administrait des doses intraveineuses de DMT à des volontaires en milieu clinique contrôlé. Il a ainsi mis en lumière les effets physiologiques et psychologiques de l'injection de DMT.

Initialement, le corps réagit par une réponse de type "combat ou fuite", caractérisée par une augmentation rapide du rythme cardiaque et de la pression artérielle dans les deux premières minutes, suivie d'une stabilisation vers la cinquième minute. Deux minutes après l'injection, Strassman a observé une hausse des niveaux de bêta-endorphine endogène, similaire à l'effet de la morphine, atteignant son pic à la cinquième minute. La DMT stimule également la production de plusieurs hormones, notamment la vasopressine, la prolactine, l'hormone de croissance et la corticotropine. La corticotropine, en particulier, active les glandes surrénales, favorisant ainsi la sécrétion de cortisol. Ces réactions hormonales et physiologiques démontrent la complexité des effets de la DMT sur le corps humain, allant au-delà des simples hallucinations pour inclure des réponses corporelles profondes et diversifiées.

Sur le plan psychologique, les premières doses administrées aux volontaires ont souvent généré de l'anxiété et de la peur. Ces sensations étaient comparées à celles d'un train de marchandises à toute vitesse ou d'un canon nucléaire. Presque tous les participants ont décrit une vibration intense, une énergie puissante traversant leur corps à une fréquence élevée et rapide. Rapidement, ils ont expérimenté une perte de conscience, les amenant à penser qu'ils étaient en train de mourir ("je n'avais plus de corps", "j'étais pure conscience").

Les images visuelles se manifestaient peu après l'injection de DMT. Les sujets voyaient apparaître des motifs plus ou moins complexes, tels que des figures de géométrie kaléidoscopique avec des attributs divers comme "maya", "islamique" ou "aztèque". Les couleurs étaient plus vives, plus intenses et profondes que dans la conscience ordinaire, avec une tendance à la fusion des champs visuels. Certains participants ont même parlé de "quadridimensionnelle" ou "au-delà de la dimensionalité". Ils percevaient toutes sortes de visions, telles que des "oiseaux fantastiques", "l'arbre de vie", "une salle de bal avec des lustres en cristal", "des tunnels", "des escaliers", "des disques d'or tournoyants", "l'intérieur d'un ordinateur", "la double-hélice de l'ADN", et un "diaphragme battant autour du cœur". Des présences étaient également ressenties, incluant des "araignées", "reptiles", "humanoïdes", "visages", "abeilles", "cactus saguaro" et autres.

Environ un sujet sur deux a rapporté des expériences auditives. Ils pouvaient entendre des sons différents de ceux de la réalité, et parfois même des sons qui n'existent pas. D'autres devenaient sourds, incapables d'entendre les bruits extérieurs.

Une fois établis, les effets de la DMT n'altéraient en rien les facultés intellectuelles ("mon intelligence n'était pas du tout altérée. J'étais vigilant vis-à-vis de ce qu'il se déroulait pendant l'expérience"). Cependant, lors de fortes doses (plus de 0,4 mg/kg), une perte de contrôle était observée. Les sujets se sentaient impuissants, incapables de fonctionner ou d'interagir avec le monde extérieur. Au-delà de leur propre perte de contrôle, certains ressentaient la présence d'une autre intelligence ou force dirigeant leur esprit de manière interactive, phénomène particulièrement courant lors de contacts avec des entités.

Modélisation 3D d'expériences sous DMT :

Effets neurobiologiques de la DMT sur le cerveau

Souvent associée à des expériences mystiques et oniriques, la DMT a suscité l'intérêt de nombreux chercheurs pour ses potentielles applications thérapeutiques. L'un des pionniers dans ce domaine, le Dr. Rick Strassman, a observé que la DMT procure aux sujets l'expérience dont ils ont besoin plutôt que celle qu'ils souhaitent, révélant ainsi des aspects cachés de leur psyché et favorisant des processus de guérison psychologique.

La DMT induit fréquemment des expériences comparables aux rêves, et selon Sigmund Freud, les rêves sont des "routes royales" vers l'inconscient. L'observation et l'analyse des rêves peuvent nous aider à comprendre des émotions refoulées et des conflits psychiques qui se manifestent sous forme d'angoisse et de souffrance dans la vie quotidienne. De manière similaire, les expériences sous DMT permettent d'accéder aux contenus inconscients d'un individu à travers les images qui surgissent durant l'état modifié de conscience.

L'exploration des profondeurs de la psyché, facilitée par la DMT, peut être enrichie par les concepts de Carl Jung. Les archétypes, ces images et motifs universels qui structurent notre inconscient collectif, trouvent une résonance particulière dans les visions induites par la DMT. Ces expériences peuvent être comparées aux rêves analysés en psychanalyse, permettant ainsi une interprétation des symboles et des récits intérieurs révélés sous l'influence de cette substance.

On pourrait envisager que les entités rencontrées sous l'influence de la DMT représentent des archétypes, symboles profonds de l'inconscient collectif qui se manifestent dans notre individualité. Ces archétypes jouent un rôle crucial dans la formation de nos filtres de perception du monde et de nous-mêmes. Par exemple, un individu régulièrement confronté à l'archétype du trickster lors de ses expériences sous DMT pourrait explorer des notions d'illusion et de tromperie, reflétant peut-être une tendance à se voiler la face sur des aspects importants de sa vie. Cette interaction avec l'archétype du trickster pourrait ainsi révéler des vérités cachées et encourager une introspection plus profonde, aidant l'individu à reconnaître et à surmonter les auto-illusions qui entravent sa compréhension de lui-même et de son environnement.

La Reviviscence des Traumas sous DMT

Une autre caractéristique prometteuses de la DMT est sa capacité à faire émerger des images et des sensations liées à des expériences traumatiques, mais dans un cadre contrôlé et sécurisé. Contrairement aux traumatismes vécus dans la réalité, qui sont souvent marqués par un manque de contrôle (comme les abus durant l'enfance ou les catastrophes naturelles), les expériences sous DMT se déroulent dans un environnement thérapeutique encadré. Cela permet aux individus de revivre et de confronter leurs souvenirs traumatiques tout en étant soutenus par des professionnels de la santé mentale. Ce cadre sécurisant facilite la gestion des émotions et des sentiments associés aux traumatismes, rendant le processus de réexposition moins accablant et plus constructif.

La reviviscence des traumas sous DMT rappelle les techniques utilisées en hypnothérapie, mais avec une profondeur et une intensité accrues. En revivant des événements traumatiques sous l'influence de la DMT, les individus peuvent accéder à des niveaux de conscience plus profonds où les souvenirs et les affects traumatiques sont réinterprétés et réintégrés. Ce processus permet de désamorcer la charge émotionnelle négative associée aux souvenirs traumatiques, facilitant ainsi une guérison plus complète et durable.

Le cas de Cassandra :

Cassandra est la plus jeune participante de cette étude. Sa participation lui a permis de résoudre un problème inconscient significativement handicapant dans sa vie mentale : Ses viols répétés lors de son enfance par son beau-père.

"Tout ira bien. Je n'ai pas besoin de me faire du soucis au niveau des doutes. Des choses comme : "Où vais-je aller ? Que vais-je faire ? C'est rassurant. On dirait que cette drogue réunit les milliers et les milliers de parties séparées de moi. Cela donne l'impression d'être complet."
"J'ai l'impression d'avoir récupéré mon ventre. Pour la première fois depuis tant d'années, je peux respirer profondemment dans mon ventre. Je suis plus optimiste."
"Je pense que j'ai été blessé là quand j'ai été violé. C'est là que je cache les choses et les protège, les serrant constamment. Des années à garder ces sentiments serrées dans mon abdomen. Je me sent beaucoup plus libre."

Avec Cassandra, son traumatisme du viol s'est manifesté par des douleurs abdominales. La DMT lui a permis de se connecter émotionnellement à cette douleur physique, lui révélant ainsi sa signification profonde. De plus, l'expérience sous DMT lui a permis de revivre ce traumatisme dans un cadre structuré, avec une perspective plus vaste et une distanciation émotionnelle. Les émotions traumatisantes ont été réactivées, bouleversées jusqu'à se dissiper, créant ainsi une sensation de libération.

Grâce à la DMT, elle a également appris qu'elle pouvait perdre le contrôle, notamment lors d'un trip sous DMT, en présence d'un homme en position de pouvoir (Rick Strassman), tout en se sentant en sécurité et aimée. La question de l'amour qu'elle recevait, de son origine, et de la nature de cet amour nous amène à explorer des domaines tels que le contact avec des entités et la spiritualité.

La DMT : Un potentiel thérapeutique

Il est crucial de préciser que cet article est écrit dans un but purement informatif et ne cherche en aucun cas à inciter les personnes à consommer des drogues, même en quantité infime. En France, les substances psychédéliques comme la DMT, le LSD ou la psilocybine sont classées comme stupéfiants et leur utilisation est strictement prohibée. Cette interdiction est en partie motivée par des préoccupations de sécurité publique et de santé. Les effets potentiellement imprévisibles de ces substances peuvent représenter un risque pour les utilisateurs, surtout en l'absence de supervision médicale adéquate. D'un point de vue pharmacologique, l'intégration des thérapies psychédéliques dans le traitement des troubles mentaux pourrait réduire l'utilisation d'antidépresseurs et d'autres psychotropes. Cette évolution poserait un défi majeur pour les entreprises pharmaceutiques, dont les profits dépendent largement de la vente de ces médicaments.

Quelques témoignages des sujets de Rick Strassman :

"Les entités visualisées rentraient dans des tuyaux, comme des protozoaires, comme l'intérieur d'une cellule, je voyais l'ADN tournoyer et spiraler. Elles avaient l'ar gélatineuses, comme des tuyaux, à l'intérieur desquels il y avait des activités cellulaires. C'était comme une vue microscopique d'eux." Philip

"Il y avait une chose du type spirale d'ADN faites de cubes incroyablement brillants. Je sentais les boites en même temps que ma conscience se deplacait". Cleo

"Les endroits où s'assoir, faire des choses les comptoirs, ils étaient façonnés à partir des murs. Je n'ai jamais vu quelque chose comme ça. C'était vraiment un aspect moderne. La nature presque organique de l'appartement était belle. Ce n'était pas seulement fonctionnel. Il y avait de la vie dans le mobilier, comme s'il avait été façonné à partir de quelque chose de vivant, un animal, un être vivant. J'étais impessionné par les appartements. Une appréciation artistique, comme regarder une belle peinture et s'y perdre, se perdre dans le bonheur. Finalement, j'ai continué, au-delà des appartements. Je suis entré dans un espace, une fissure dans la terre. C'était horizontal, c'était vertical. Une fissure dans l'espace." Tyrone

"Et puis je fus au-dessus d'un paysage étrange, comme la Terre, mais très mystérieux. Des montagnes en quelque sorte. C'était très amical et accueillant. C'était si réel que je dus ouvrir les yeux. C'était comme un poster fluo super-brillant, mais beaucoup plus complexe. Je planais à des lieues au-dessus. J'avais le sentiment très précis de faire cela, pas seulement la perception visuelle. Il y avait des téléscopes, ou des plats micro-ondes, ou des éléments de château d'eau avec une antenne dessus. J'aurais voulu te prendre par la main et te montrer. Un vaste horizon. Le soleil était différent, de couleurs et de teintes différentes de notre soleil." Philip

"Oh ouais, il y avait des gens et des guides. C'était une famille mexicaine, sur le porche d'une maison dans le désert. Il y avait une scène de jardin dehors. Il y avait des gosses et du fatras. Je jouais avec les mômes. Je faisais partie de la famille. Je sentais la présence d'un vieil homme qui se tenait derrière moi ou quelque part à coté de moi. Je voulais lui parler, mais il me fit comprendre d'une certaine manière qu'il était plus important de bavarder avec la petite fille. C'était très décontracté, bienveillant. Cela semblait aussi naturel et complet que si c'était arrivé. Ce n'était pas un rêve du tout. On dirait un jour tout à fait ordinaire me dis-je, et puis j'ai fait une halte et j'ai pensé, non je fais un trip. Il y avait plusieurs noirs, aussi, me tirant pour ainsi dire. Il y avait une curieuse sensation d'être arraché. C'état une sensation discordante. On me disait de partir." Sean

Où nous mène la DMT ? A l'intérieur ou à l'extérieur ?

En lisant les témoignages, il devient évident que les volontaires de l'expérience ont tous éprouvé le sentiment d'être transportés "ailleurs", en compagnie de "quelqu'un" ou confrontés à "quelque chose" si familier qu'il aurait pu être confondu avec une forme d'altérité. Tous ont eu une certitude inébranlable d'être réellement ailleurs. Lorsqu'ils rouvraient les yeux, une nouvelle réalité se superposait à notre réalité commune. Ils n'étaient pas endormis mais au contraire, hyperconscients et éveillés, capables de se diriger eux-mêmes et d'agir dans ce nouvel espace. "J'ai regardé", et "j'ai vu", se disaient-ils.

On observe que les sujets rapportent souvent des visions liées à un mélange de structures organiques telles que des chromosomes, des cellules ou des flux en mouvement. Les notions de tubes ou de tunnels reviennent fréquemment, ainsi que des espaces sous forme de pièces ou de chambres où des interactions avec des entités semblant avoir une fonction autonome peuvent se produire.

Également souvent mentionnée est la perception d'un alphabet atypique, évoquant le style graphique des runes, ainsi que des formes géométriques rappelant une sorte de programmation. Ce langage codé pourrait potentiellement être à l'origine de la structuration de notre univers physique. D'autres volontaires de l'étude se sont retrouvés dans des paysages familiers en tant qu'humains, comme des lieux naturels, tandis que certains ont décrit des structures architecturales telles que le Taj Mahal.

Illustrations de lieux explorés sous DMT

Dans le cadre de son étude, Strassman fut surpris de constater qu'au moins la moitié des participants à l'expérience avaient eu un contact avec des entités. Pour les décrire, les volontaires utilisaient des termes tels que "entité", "extraterrestre", "guide" et "alliés". Ces formes de vie étaient décrites comme ressemblant à des clowns, reptiles, mantes, abeilles, araignées, etc. Ils rapportaient des expériences comme "c'étaient ces êtres", "j'étais conduit" ou "ils sont arrivés rapidement".

En tant que scientifique, ces témoignages sont difficiles à concevoir car ils contredisent profondément la vision occidentale de la réalité matérielle. En plus de la question de l'existence des mondes matériel et spirituel, nous devons envisager d'élargir notre conception de ce que nous pouvons percevoir avec nos sens. Certaines choses, inconcevables pour nos esprits occidentaux, sont parfaitement cohérentes pour d'autres cultures, que nous avons tendance, à tort, à considérer comme inférieures. Dans ce contexte, les cultures indigènes, en contact régulier avec les habitants du paysage invisible, n'ont pas de difficulté à naviguer entre les deux mondes. Souvent, elles y parviennent grâce à l'utilisation de plantes psychédéliques.

En lisant les rapports, on découvre une cohérence surprenante dans les récits des volontaires relatant leur rencontre avec des êtres non matériels. Ces volontaires se retrouvent souvent sur un lit, une rampe de débarquement, dans un environnement de recherche ou encore simplement dans une pièce high-tech. Les êtres intelligents de cet autre monde semblent s'intéresser aux sujets, prêts pour leur arrivée et ne perdant pas de temps pour commencer leur travail. Les sujets de l'expérience décrivent fréquemment des relations empreintes de bienveillance, d'attention ou d'un détachement professionnel à la manière d'un chirurgien. Leur objectif semble être de tester, examiner, sonder et même modifier l'esprit et le corps du volontaire. Bien que le but de ces contacts reste incertain, plusieurs sujets parlent de tentatives bienveillantes de la part de ces êtres, visant à nous améliorer individuellement et en tant qu'espèce.

Il est important de préciser que le chercheur lui-même était choqué par la récurrence et l'intensité des contacts des volontaires avec des entités semblant être autonomes. Il ressentait un malaise certain, dû à une dissonance cognitive entre sa vision du monde et les témoignages des sujets de l'étude. Il craignait même d'être à l'origine d'une psychose collective et communautaire. Il commença à se demander si son sujet d'étude ne le dépassait pas. Les expériences des volontaires dépassaient ses modèles du mental, du cerveau et de la réalité. Ses concepts devenaient insuffisants pour appréhender et contenir la nature de ce que des volontaires comme Rex et Sarah subissaient.

Rencontres avec des Entités sous DMT

Sarah et Rex sont deux sujets ayant eu des expériences d'interraction avec des entités qualifiés par eux d'extra-terrestre.

Rex avec une "faible" dose de DMT (0.2 mg/kg) :
"Je réalise que le son intense vibrant-bourdonnant et la vibration sont une tentative des entités DMT de communiquer avec moi. Les êtres étaient là et ils me faisaient quelque chose, faisant des expériences sur moi. Je vis un visage sinistre, mais alors l'un d'eux essaya d'une certaine facon de me rassurer. Puis l'espace s'ouvrit autour de moi. Il y avait des créatures et des machines. On aurait dit un champ d'espace noir. Il y avait des couleurs psychédéliques brillantes formant les contours des créatures et des machines. Le champ continuait toujours. Ils partageaient cela avec moi, me laissant voir tout cela. Il y avait un être féminin. J'eus l'impression d'être en train de mourrir, alors elle apparut et me rassura. Elle m'accompagna pendant la vision des machines et des créatures. Quand j'étais avec elle, javais un profond sentiment de relaxation et de tranquilité."

"Ils versaient en moi de la communication, mais c'était vraiment très intense. Je ne pouvais le supporter. Il y avait des rayons de lumière jaune psychédélique venant du visage de l'entité rassurante. Elle essayait de communiquer avec moi. Elle semblait s'intéresser beaucoup à moi, et aux effets que j'éprouvais résultant de ses tentatives de communication.

"Il y avait quelque chose aux contours verts, juste devant moi et au-dessus de moi ici. Cela tournait et faisait des choses. Elle me montrait, il semblait, comment utiliser ces choses. Cela ressemblait à un terminal d'ordinateur. Je crois qu'elle voulait essayer de communiquer au moyen de cet instrument. Mais je ne pouvais pas comprendre ca."

"C'était le même endroit, des lumières et de néon faisaient les contours de toute choses. J'étais dans une énorme ruche infinie. Il y avait des intelligences insectoides partout. Ils étaient dans un espace hypertechnologique."

"Il était très intelligent. Il n'était pas du tout humanoide. Ce n'était pas une abeille, mais ça y ressemblait. Il me montrait la ruche. Il était extrêmement amical, et je sentis une énergie sensuelle chaude rayonnant de la ruche. Je trouvai que ce devait être une chose meveilleuse de vivre dans un environnement aimant et sensuel comme celui-là. Il me dit que c'était là notre avenir. Je ne sais pas pourquoi il dit cela ou ce qu'il voulait dire ou si c'est une bonne chose ou non. Je me souviens de m'être dit à moi-même en descendant : Je veux me souvenir, je veux me souvenir, mais je ne peux pas."

Sarah sous haute dose de DMT (0.4mg/kg) :

« Je réalisais que ce que Rick disait était vrai, que la partie la plus intense du trip était prise dans les couleurs. Cette fois, j’ai foncé « de l’autre coté ». J’étais dans un vide ténébreux. Soudain, des êtres apparurent. Ils étaient revêtus d’une cape, comme des silhouettes. Ils étaient contents de me voir. Ils indiquèrent qu’ils étaient entrés en contact avec moi individuellement auparavant. Ils semblaient contents que nous ayons découvert cette technologie. J’avais l’impression d’être un chercheur spirituel qui est allé trop loin, et qui, au lieu de rencontrer le monde spirituel, a fini sur une autre planète. Ils voulaient en savoir plus sur nos corps physiques. Ils me dirent que les humains existent à de nombreux niveaux. Nous avions quelque chose en commun. Ils me dirent « d’embrasser la paix ».

« Je suis venue directement dans un espace profond. Ils savaient que je revenais et ils étaient prêt pour moi. Ils me dirent qu’ils y avait beaucoup de chose qu’ils pouvaient partager avec nous quand nous apprenons à établir un contact plus large. A nouveau, ils voulaient quelque chose de moi, pas seulement une information physique. Ils s’intéressaient aux émotions et aux sentiments."

Illustrations d'entités sous DMT

Les expériences rapportées par d'autres sujets de Strassman sous l'influence de la DMT se rapprochent de celles vécues lors d'une expérience de mort imminente (EMI). Une EMI se caractérise souvent par la sensation de traverser un tunnel, accompagnée de voix, de chants et de musique. Durant ces expériences, les individus perçoivent souvent la présence d'êtres chers, qu'ils soient vivants ou décédés, tels que des parents, des amis ou des membres de la famille. Ces entités peuvent également se manifester sous forme d'esprits, d'anges ou d'alliés. Nombreux sont ceux qui rapportent avoir ressenti une paix intérieure et un calme profonds. Parfois, les sujets vivent une récapitulation rapide et organisée de leur vie, revoyant leurs souvenirs personnels jusqu'au moment présent.

Willow sous haute dose de DMT (0.4mg/kg) :

« D’abord, j’ai vu un tunnel ou un canal de lumière à droite (…) il y avait de grands êtres dans le tunnel, à droite à coté de moi. Le tunnel de gauche et de droite se rejoingnait devant moi ».
« C’était clair et vibrant. Il y avait un son semblable à de la musique, semblable à un orchestre, mais qui m’était inconnu, qui soutenait la tonalité émotionnelle des évènements, et qui m’attirait. »

Carlos sous haute dose de DMT (0.4mg/kg) :

« Il y avait le son de l’univers entier, tout à fait comme un bourdonnement. C’était pénétrant, écrasant. Puis ma capacité à me percevoir comme un être humain disparut. Il n’y avait plus d’émotions, parce que les émotions n’opérent que jusqu’à un certain point. Je dirais que mon expérience était une expérience classique de mort/renaissance. »

Pour appréhender ces témoignages, analysons ce qui caractérise les états mystiques. Selon Strassman, ces expériences reposent sur trois piliers : le Moi, le temps et l’espace. Dans ces états, la séparation entre le Moi et le non-Moi disparaît. L'identité personnelle se dissout, et l'individu atteint une forme d'existence globale et unifiée. En d'autres termes, l'absence d'identité personnelle découle d'une compréhension profonde de l'unité et de l'interdépendance de tous les éléments de la création, y compris soi-même.

Le passé, le présent et le futur se fondent en un moment intemporel, un "maintenant" éternel. Relativement, une brève période peut contenir une infinité d'expériences. Dans ce temps et cet espace infiniment vastes, sans la limitation du Moi, toutes les contradictions et les paradoxes sont examinés et apparaissent comme non conflictuels. Nous devenons certains que la conscience persiste après la mort du corps et qu'elle existait bien avant l'apparition de cette forme physique particulière. Nous contemplons l'univers entier dans un brin d'herbe et nous reconnaissons notre visage d'avant notre naissance.

Il y a une sensation fulgurante du sacré et du saint. On contact une réalité inchangée, non née, immortelle. Quelle que soit la façon dont nous l’appellons, nous savons que nous avons rencontré le fondement et la source de l’existence dont émane l’amour, la sagesse et la force dans une echelle inimagineable ; c’est l’illumination.

Quelques volontaires de Strassman ont vécu sous DMT des expériences profondemment spirituel du même ordre que les états mystiques précédement décrit.

Elena sous forte dose de DMT :

"Le grand pouvoir cherchait à remplir toutes les possibilités. Il n'y avait pas de Dieu bienveillant, seulement ce pouvoir primordial. Toutes mes idées et croyances semblaient absolument ridicules. Je voulais ne jamais oublier cela. J'étais consciente de pouvoir ouvrir les yeux et de rétablir les liens avec ceux qui m'entouraient. Mais d'abord je devais attendre que tout cela se solidifie, pour que la plénitude de l'expérience se fige, afin que je puisse en faire part aux autres. Je me demandais : Pourquoi revenir ? J'hésitais à ouvrir les yeux. Quand je le fis, la pièce semblait très claire, mais tout à fait autrement que quand je l'avais quitée."

Sean sous forte dose de DMT :

"Il n'y avait pas de corps ni de lignes, d'ombres ou de contours. J'étais dépourvu de Moi, de pensée, de temps, d'espace, de sens de séparativité ou d'égo, ou de n'importe quoi qui ne soit pas la lumière blanche. Il n'y avait pas de symboles dans mon langage qui eussent pu ne serait-ce que commencer à décrire cette sensation d'existence, d'unicité, et d'extase pures. Il y avait une grande sensation de calme et d'extase. Je n'ai pas idée du temps pendant lequel je restai dans cette confluence d'énergie pure, ou comment je pourrais la décrire."

Conclure cet article est une tâche ardue, car les perspectives explorées diffèrent largement de celles de la tradition occidentale. Il est clair que les récits mystiques des participants à l'étude de Rick Strassman affichent une cohérence impressionnante. On retrouve également des parallèles frappants avec plusieurs phénomènes jugés inexpliqués aujourd'hui, tels que les sorties astrales, les visions d'esprits, les enlèvements extraterrestres, les expériences de mort imminente (EMI) et les terreurs nocturnes. Ces observations suggèrent un lien potentiel entre ces phénomènes métaphysiques et la production endogène de DMT chez l'être humain.

De plus, l'histoire, l'anthropologie et l'archéologie révèlent que nos ancêtres portaient une attention particulière à la glande pinéale. Par exemple, dans l'Égypte antique, l'œil d'Horus est souvent interprété comme une représentation symbolique de la glande pinéale. De même, les écrits de Descartes, qui considérait la glande pinéale comme le siège de l'âme, témoignent de cette fascination. En Inde, les traditions yogiques et la pratique de la méditation ont longtemps reconnu le "troisième œil", associé à cette petite glande. Cette fascination se manifeste également dans l'architecture et la sculpture : la pomme de pin, souvent considérée comme un symbole de la glande pinéale, apparaît fréquemment dans des motifs décoratifs. On la retrouve dans l'art et l'architecture de civilisations anciennes, comme chez les Grecs et les Romains, ainsi que dans les décorations du Vatican, où une gigantesque sculpture en forme de pomme de pin est exposée. Ces exemples montrent une reconnaissance ancestrale de l'importance de la glande pinéale dans diverses cultures à travers l'histoire.

Ainsi, la glande pinéale est parfois considérée comme un élément central dans les traditions mystiques et ésotériques. Certains la voient comme un portail, où la DMT (diméthyltryptamine), une substance produite naturellement par le corps, pourrait jouer un rôle crucial en facilitant l'accès à des états de conscience modifiés. Cette libération de DMT endogène se produirait à des moments clés de la vie, tels que la naissance, la mort, la méditation profonde, ou pendant le sommeil.

Il est également suggéré que des expériences exceptionnelles, comme les moments de grande révélation ou d'illumination, pourraient être associées à une libération de DMT. Dans l'histoire des religions, plusieurs figures semblent avoir vécu des expériences extraordinaires qui pourraient être interprétées de cette manière : Moïse face au buisson ardent, Isaïe lors de sa vision du trône de Dieu, Ézéchiel et ses visions des chérubins, Jean dans le livre de l'Apocalypse, ou encore Paul sur le chemin de Damas.

Par ailleurs, certaines pratiques chamaniques, en particulier en Amazonie, impliquent l'usage de substances contenant de la DMT, comme l'ayahuasca. Cette boisson traditionnelle, préparée à partir de la liane Banisteriopsis caapi et des feuilles de Psychotria viridis, est utilisée pour induire des états de conscience modifiés, permettant des visions et des expériences spirituelles profondes. Ces cérémonies chamaniques, enracinées dans les traditions indigènes, sont conçues pour apporter une guérison tant spirituelle qu'émotionnelle. Les chamans, grâce à ces pratiques, ont pu développer une connaissance approfondie des propriétés curatives des plantes de la jungle, les utilisant pour traiter diverses affections.

Pour surmonter les limitations actuelles, il est nécessaire d'explorer de nouveaux paradigmes scientifiques capables d'appréhender l'existence potentielle de ces plans subtils ou dimensionnels. La physique quantique, par exemple, pourrait offrir un cadre théorique permettant de mieux comprendre la nature de la réalité et des dimensions au-delà de celles perçues par nos sens. Les concepts de superposition, d'intrication et d'univers multiples ouvrent des perspectives fascinantes pour expliquer des phénomènes jusqu'ici considérés comme métaphysiques.

En parallèle, les mathématiques pourraient jouer un rôle essentiel dans la modélisation des dimensions invisibles. Les avancées en géométrie non-euclidienne, qui explore des espaces courbes plutôt que plats, et en théorie des cordes, qui postule l'existence de dimensions supplémentaires au-delà des quatre dimensions classiques, offrent des outils pour conceptualiser des réalités multidimensionnelles. De plus, la topologie, qui étudie les propriétés des objets qui restent invariants malgré des déformations, pourrait aider à décrire la structure de ces dimensions subtiles.

L'intelligence artificielle (IA) pourrait jouer un rôle déterminant dans l'exploration de ces réalités subtiles. Grâce à sa capacité à analyser d'énormes quantités de données et à identifier des schémas imperceptibles pour l'œil humain, l'IA pourrait aider à révéler des corrélations et des lois sous-jacentes à des phénomènes inexpliqués. En combinant l'IA avec la puissance des ordinateurs quantiques, il deviendrait possible de modéliser des concepts originaux, déconnectés des limitations perceptuelles humaines. Ces technologies pourraient ainsi permettre d'approcher, de manière conceptuelle, des dimensions subtiles que la science actuelle peine à saisir, ouvrant ainsi des perspectives inédites sur la nature de la réalité.

Conclusion

Alors, que faire de toutes ces informations ? Il est possible d'envisager l'existence de dimensions différentes de la nôtre, où la glande pinéale pourrait fonctionner comme une serrure, et la DMT comme la clé permettant d'accéder à ces plans. L'étude de ce sujet pourrait aider à comprendre divers phénomènes qui nous dépassent, tels que les expériences de mort imminente, la perception d'entités spirituelles, les objets en mouvement inexplicable, les sons ou voix interne, ainsi que les expériences mystiques et les soins énergétiques. Cependant, ces domaines restent difficiles à explorer scientifiquement en raison de l'absence de paradigmes et d'outils de mesure adaptés pour appréhender ces réalités.