Pistis Sophia : Un mythe fondateur de la gnose
Exploration et éclaircissement du mythe de Sophia, où s'entrelacent chute, quête de rédemption, et sagesse divine.
SCIENCES HERMÉTIQUES
Alexandre CHANE - Psychologue / Magnétiseur
3/22/20259 min read
La "Pistis Sophia" (ΠΙΣΤΙΣ ΣΟΦΙΑ), texte sacré de la tradition gnostique, nous dévoile le mythe d'une figure centrale nommée Sophia. Datant probablement du IIIe siècle après J.-C., ce document fut découvert en Égypte au XIXe siècle, offrant un aperçu précieux des croyances et pratiques spirituelles des premiers gnostiques. Au cœur de ce texte se trouve Sophia, incarnation de la sagesse divine, dont le récit dramatique de chute et de rédemption symbolise la quête éternelle de l'humanité pour la connaissance et le retour à l'unité originelle.
Dans les écrits gnostiques, Sophia est présentée comme un éon symbolisant la sagesse. La notion d'éon, bien que complexe à appréhender, peut être brièvement décrite comme correspondant à ce que nous nommons communément des esprits. Carl Jung, en approfondissant cette idée, l'associerait à une figure archétypale symbolisant les traits féminins intériorisés, tels que la réceptivité, l'intuition, et la capacité d'aimer. Autrement dit, les éons peuvent être envisagés comme des personnifications de forces qui orchestrent les dynamiques de notre psyché et l'univers.
Yaldabaoth : L'abbération de Sophia devenu demiurge
Imaginez le plérôme, un univers empreint de plénitude où l'infini des possibles s'épanouit, peuplé par une multitude d'éons vivant en parfaite harmonie. Le Plérôme est un concept gnostique qui représente la perfection divine complète, abritant toutes les entités célestes et émanations, et symbolise l'état ultime que les âmes cherchent à atteindre pour retrouver leur pureté originelle. Dans ce lieu, l'acte créateur nécessite l'union de deux polarités : une féminine et une masculine, telles le yin et le yang.
Un jour, toutefois, Sophia décida de créer seule. Cette tentative solitaire provoqua un déséquilibre, engendrant une aberration : une créature monstrueuse à tête de lion et corps de serpent. Terrifiée par les conséquences de son acte, Sophia réalisa son erreur et chercha à dissimuler cette créature. C'est ainsi que Sophia rejeta la créature monstrueuse dans les ténébres situés sous le Plérôme, espérant cacher à jamais l'erreur de son audace solitaire. Cette aberration fut nommé "Yaldabaoth".
Rejeté dans les ténèbres, Yaldabaoth ignora tout de ses origines. Isolé, il se mit également à créer des éons dans ce nouveau monde. Pour structurer et gouverner ces nouveaux éons, il instaura des archontes (du grec arkhon, signifiant commander). La fonction des archontes est de maintenir les âmes de ce monde dans l'illusion, les empêchant donc de retourner au Plérôme. Le but est de confiner ces âmes dans l'ignorance, les privant de l'évolution vers des plans supérieurs de conscience.
À ce stade de l'histoire, nous voyons Yaldabaoth créer seul un nouveau monde et de nouveaux êtres. Se percevant comme l'unique et souverain Dieu, il demeure ignorant de ses propres origines et de la nature véritable de ses actions. En réalité, ses créations sont initialement le résultat de déterminisme sans intention ou vision préalable. Les forces se combinent spontanément pour donner lieu à cette situation.
Sophia est ainsi à l'origine de Yaldabaoth, un démiurge qui a façonné un monde contrefait. Au fil des époques, Yaldabaoth a été désigné sous divers noms : il fut connu comme Saklas (qui signifie « le fou » en hébreu) et Samael (« le Dieu aveugle » en hébreu). De nos jours, il est mieux connu sous l'appellation de Yahweh, le Dieu de l'Ancien Testament, une entité que ses fidèles doivent craindre et servir, et dont les actions sont souvent dépourvues de bienveillance. Le déluge reste l'un de ses actes de colère les plus marquants. Les gnostiques, pour leur part, n'ont jamais reconnu ce Dieu, le considérant comme un imposteur.


La chute de Sophia : Là où tout commence vraiment...
Inclinée au-dessus du Plérôme, Sophia, ébranlée par les actions de son fils, se penche tant qu'elle chute, selon le mythe, dans les abysses ténébreuses où elle est capturée. Les éons du Plérôme, témoins de son sort, conçoivent alors un stratagème contre le Démiurge. Du firmament, ils lancent un cri percutant : « Non, Yaldabaoth, tu n'es pas seul. Quelqu'un règne au-dessus de toi. » Dans cette manœuvre, ils projettent dans les eaux obscures des ténébres l'image de l'Homme originel, Adamas (Adam). Sa beauté éblouit Yaldabaoth et ses archontes qui, n'ayant jamais contemplé pareille splendeur, décident de le copier. Ils façonnent ainsi un homme magnifique mais inerte.
Jouant sur l'orgueil de Yaldabaoth, les éons le provoquent : « Si tu insuffles à ta créature la lumière que tu tiens de ta mère, tu auras engendré l'être le plus sublime, et tous reconnaîtront ta grandeur. » Poussé par cette vanité, Yaldabaoth exhale alors sur l'homme et lui transmet la lumière de Sophia. Il venait de donner vie à une entité à l'image de l'Homme originel, empreinte de la sagesse de Sophia, et, sans le savoir, supérieure à lui-même. Pour le Démiurge et ses archontes, la seule façon de maintenir ce nouvel homme, plus puissant qu'eux, sous leur joug est de l'empêcher de réaliser sa véritable nature. Cette stratégie perdure, et le mythe reste ouvert, annonçant que cet homme, créé à l'image de l'homme originel et supérieur à ses créateurs, sera celui qui délivrera Sophia, toujours emprisonnée dans les ténèbres.
Depuis lors, il semble que nous existions dans une réplique dénaturée du monde primitif du plérôme. Ce monde, œuvre d'un demiurge, se présente sous la forme d'une matrice artificielle, en opposition avec la matrice originelle, celle où nous aurions dû résider si un événement fâcheux n'avait pas perturbé l'ordre des choses. Nous y sommes immergés dès notre venue au monde, et ce, entre chaque cycle d'incarnations également. L'objectif ultime pour un être éveillé consiste à se libérer de la matrice artificielle au moment de sa mort, autrement dit, à briser le cycle des réincarnations, le samsara des traditions orientales.
Dans cette quête de réalisation personnelle, il est impératif de transcender l'influence des Archontes, qui agissent comme des gardiens de la matrice artificielle. Leur objectif est de maintenir l'humanité dans un état d'inconscience afin de perpétuer le cycle des réincarnations et d'empêcher l'accès au Pleroma, la matrice originelle.




L'influence des archontes sur la psyché
Pour maintenir l'homme dans l'ignorance de sa véritable nature, les Archontes emploient une méthode insidieuse : ils le persuadent qu'il est l'opposé de ce qu'il est réellement. Ainsi, ils le convainquent de sa faiblesse, de son impuissance, de son dénuement et de sa séparation d'avec la Source, alors même qu'il en est intrinsèquement une partie. Agissant comme des parasites psychiques, les Archontes insufflent des pensées à l'homme par des moyens que celui-ci est loin de suspecter, souvent là où il s'y attend le moins : à travers ses propres pensées. Ces pensées induites engendrent des émotions qui, à leur tour, produisent une fréquence vibratoire dont se nourrissent les Archontes. Ils procèdent ainsi parce qu'ils ne sont pas autonomes et dépendent de cette énergie pour exister et se renforcer.
"Ils nous tiennent sous leur emprise parce que nous sommes leur source de subsistance. Ils ont besoin de nous pour se nourrir,et c'est pour cela qu'ils nous pressurent implacablement. Exactement comme nous qui élevons des poulets. Don Juan Matus
Selon le chercheur en mythologie comparée John Lamb Lash, les Archontes interviennent à plusieurs niveaux dans nos vies. Ils infiltrent nos pensées, générant des émotions négatives dont ils se délectent. Ils amplifient également nos erreurs. Bien que l'erreur soit humaine, son exacerbation ne l'est pas. Ce phénomène est au cœur de ce que certains gnostiques nomment la "théorie de l'erreur" : la spécificité humaine réside dans notre propension à l'erreur, ce qui est bénéfique dans la mesure où cela nous permet d'apprendre et d'évoluer.
Toutefois, cette propension à l'erreur représente également une vulnérabilité que les Archontes exploitent en exacerbant certains schémas émotionnels tels que la culpabilité, les regrets et les remords liés à nos fautes. Allant plus loin, certains chercheurs voient les Archontes comme des forces nous maintenant dans une matrice artificielle, utilisant divers instruments tels que la société de consommation, les codes sociaux, les médias, les structures hiérarchique (autoritaire, bureaucratique et rigide) ou encore l'obsession pour la réussite financière et sociale.


Dans le mythe gnostique, les Archontes symbolisent les obstacles spirituels ou les illusions qui empêchent l'âme humaine de réaliser sa véritable nature divine. En considérant les Archontes comme des gardiens ou des administrateurs du monde matériel, qui souvent abusent de leur pouvoir pour tromper et asservir les âmes humaines, le mythe propose une critique des structures de pouvoir autoritaires ou totalitaires.
En adoptant une perspective plus ésotérique et moins conventionnelle, l'existence des Archontes dans le mythe de Sophia peut aussi être interprétée à travers le prisme de la notion de "vampires énergétiques", une idée souvent explorée dans certains courants du new-age. Selon cette vision, les Archontes, en tant qu'entités ou forces manipulatrices, drainent ou consomment l'énergie vitale des individus, les empêchant ainsi d'atteindre leur plein potentiel spirituel.


Interprétation et conclusion
Ce mythe met en lumière des thèmes universels qui résonnent avec des concepts psychologiques modernes et peut ainsi servir de guide métaphorique pour naviguer dans les profondeurs de l'inconscient, en mettant en lumière les dynamiques internes et externes qui façonnent notre expérience humaine.
Sophia, dans le gnosticisme, représente la sagesse divine mais également une figure qui expérimente une chute dramatique du monde spirituel dans le domaine matériel. Son histoire illustre la dualité entre lumière et ténèbres, esprit et matière, idéal et réalité. Sophia, par son erreur originelle, crée sans le savoir le monde matériel, souvent interprété comme imparfait ou même corrompu.
Aussi, le mythe de Sophia nous enseigne la présence d'une scission fondamentale dans l'existence — celle entre notre origine divine (matrice originelle) et notre condition actuelle dans un monde complexe et souvent chaotique (matrice artificielle). Cela met en perspective les luttes internes et dissonances entre nos aspirations spirituelles et nos réalités matérielles.
Dans le cadre du développement personnel, le mythe de Sophia encourage la réconciliation avec notre part de divinité et de sagesse intérieure. Il suggère un voyage de retour vers cette essence originelle, souvent à travers des épreuves qui nous poussent à une introspection profonde et à une transformation personnelle. Sophia, en cherchant à revenir dans le Pleroma, incarne la quête de la réalisation de Soi conceptualisé par Carl Jung.
Carl Jung a utilisé le concept de l'inconscient collectif pour décrire des motifs et des symboles universels partagés à travers les cultures, appelés archétypes. Le mythe de Sophia, avec ses thèmes de chute, de rédemption, de sagesse perdue et retrouvée, s'inscrit parfaitement dans cette vision. Sophia peut être vue comme un archétype de la sagesse et de la quête spirituelle, reflétant notre propre voyage intérieur vers la compréhension et l'illumination. Ce mythe peut ainsi servir de guide métaphorique pour naviguer dans les profondeurs de l'inconscient, en mettant en lumière les dynamiques internes et externes qui façonnent notre expérience humaine.
En résumé, le mythe de Sophia peut enrichir notre compréhension personnelle en illustrant comment nous pouvons être séparés de notre source essentielle et comment, à travers la conscience et l'effort, nous pouvons aspirer à retrouver notre intégrité originelle. C'est un appel à la transformation personnelle et à l'auto-réalisation, des thèmes profondément ancrés dans la psychologie moderne et le développement personnel.


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